Festival de céramique à Margaritès (Septembre 2008).

Sur les premiers flancs du Psiloritis, le petit village blanc de Margaritès jouit d’un superbe panorama, sur Panormo et ses environs, en bordure de la Mer Egée.
Comme sur une vieille carte postale, ce village de potiers, à l’indiscutable saveur méditerranéenne, paresse, s'étire dans sa partie haute vers la montagne. On peut encore y trouver des fours et des ateliers abandonnés. Au plus fort de l'activité, au dix-neuvième et première moitié du vingtième siècle, une cinquantaine d'ateliers fabriquaient la poterie traditionnelle. Dans les années soixante-dix, suite au déclin, ne subsiste qu'une poignée de potiers.

Le tourisme de masse, industrialisé, a relancé l'activité céramique, mais n'offre qu'une création de peu d’intêret, liée à cette clientèle. Actuellement, nous comptons une vingtaine d'ateliers. Seuls, quelques réfractaires amoureux des formes antiques,perpétuent la fabrication de magnifiques jarres et de pots de jardins, avec les acquis traditionnels. L'extraction de la terre s'effectue laborieusement, à cinq kilomètres de Margaritès, sur les pentes de la montagne. Présent dans le même secteur, du schiste broyé chamotte la terre. Celle-ci est alors parfaite pour monter des jarres d'une contenance de cents à six cents litres! Après une cuisson, la plupart du temps électrique à 1000°, les pièces sont immergées dans l'eau afin de neutraliser les points de chaux.

À l’invitation de Keramos, associations de potiers Crétois, je participe au quatrième festival de Margaritès, avec Daniel Didier, céramiste bornois. Daniel efface l'obstacle de la langue grecque, car il a vécu cinq ans dans ce village. Les retrouvailles avec ses amis chaleureux ne furent que joies et plaisir. À chaque visite, les crétois offrent à boire, à manger, tout naturellement. Les instants nous engobent délicieusement.

La bonne humeur, l'effervescence tranquille, l'agréable et légère inorganisation, tous les ingrédients du rythme méditerranéen, ponctués par quelques verres de raki ont confirmé, consolidé le plaisir d’être ensemble pendant ces rencontres. Sans oublier l’institution locale, respectée chaque jour entre seize heure et dix-huit heure : la sieste! à l'abri du soleil ardent. Également, les tablées du midi, du soir, restent des moments inoubliables. Sous la protection des mûriers, la joie et les rires ponctuaient majestueusement les agapes. Tout se terminant aux sons des lyres, des bouzoukis pour encercler danseuses et danseurs. Du plaisir, rien que du plaisir. DIONYSOS enfin un Dieu sympa!, était respecté,honoré ; comme dans l'antiquité, ou ripailler était une institution d'importance cultuelle et culturelle.

Sept jours de festival (aussi copieux que les repas)

Avec huit invités professionnels, venant de Grèce, de Chypre et de France. Les thèmes abordés concernaient uniquement la basse temperature, à travers différentes techniques
Four à papier
Four à l'huile
Four à bois Raku, enfumage et Terre sigillée

Interventions :

Takis et Vassos Demetriou donnaient leurs méthodes pour les lustres métalliques env.. 1000°C. Réduction efficace avec des petits paquets de sucres, incorporé dans le four vers 700°C. Le sucre permet de bonnes réductions sans dégagement de grosse fumée noire.









Tasos Patiniotis réalisa un grand four-papier avec une cuisson assez chaude (1100°C)., ainsi, qu'un four destiné à enfumage. À la fin de la cuisson, un système de perfusion goutte à goutte à l'huile de vidange permet d'enfumer les pièces en descente de température. Sur des surfaces polies, ont peu obtenir de beaux noirs métalliques.






Giorgos Spanoudatis et les Terres sigillées. La préparation des engobes se faisant avec beaucoup de recettes différentes. L’ajout de Calgon, d’eau de lavage de cendres permet d’activer le processus de dèfloculation. Mais les resultats étaient assez inegaux.






 

Symeou Efthymios et ses leçons sur l'enfumage des pièces polies, pour obtenir des très beaux noirs, dans des cazettes improvisées.










Stratis KontomytakisStratis Kontomytakis proposa un cours sur les émaux de cristalisation, avec un diaporama de son travail.
















Daniel Didier et l’ atelier terre-musique,
nous livra les arcanes de la fabrication des ocarinas.










De mon cote, après la construction d'un petit four à bois, nous avons réalise un biscuit et 1 journée de Raku. Dans ce village ou la majorité cuissent avec l'électricité, les potiers étaient réjouis de contempler du vrai feu. Une trentaine d'amateurs, d'étudiants et de passionnées céramiques participaient aux diffèrents ateliers. Le public et les gens de village furent plus nombreux, pendant le week-end. Des animations étaient prévues.








Des "mamies"potières Chypriotes attiraient beaucoup l'attention enréalisonsla poterie utilitaire de leur village. En partant d'une boule de terre, creusée au poing pour faire la base, elles montent ensuite les parois avec un gros colombin qu'elles amincissent progressivement, quand la terre se fatigue, s'affaisse, elles enroulent la partie inférieure avec une cordelette pour la consolider, ainsi elles peuvent poursuivre le façonnage. Le lendemain, elles terminent le pot par tournassage et l'adjonction d'un col. Simplement avec une tournette, et quelques outils en bambou, elles ont enthousiasmé, régalé le public par leur expérience, leur maîtrise et offert à tous les yeux, des pots faits avec le coeur.





À côté, trois potiers traditionnels locaux ont fait " du gros", des pots de 120 à 200 litres sur tour électrique. Technique du colombin sur base tournée, avec ensuite tournage lent, amincissage du colombin et pose d'un nouveau colombin et ainsi de suite. Forme antique, décor sur les endroits de jonction. Ces pots sont toujours utilisés pour conserver les olives, l'huile, le vin et l'eau. Cuite à 1000°C, la terre locale est pratiquement fermée. La couleur s'étend d'une gamme rose au rouge brique. Les traces de réduction ne sont pas très apprecies. La fête se termina avec quelques discours et un concours- degustation de vin local.




Ce festival réalisé avec de bons moyens, restera dans la mémoire de beaucoup.
Nous tenons avec Daniel Didier, à remercier l’association Keramos et leur President Dimitry Liberidis, Maria Tzobanaki, Giorgos et Mariniki Dalamvelas, les potiers et habitants du village pour leur accueil, et leur générosité.

Dalloun

Impression : de stage "construire un petit four à bois" pendant le festival